L’école 24 aux Rencontres de l’ARP – Novembre 2024
Interview avec Théo et Jean, étudiants en 2e année à l’école 24, participant aux Rencontres de l’ARP – Novembre 2024.
Ecole 24 : Bonjour Théo et Jean. Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre part à cet événement, et qu’attendiez-vous de cette expérience ?
Théo : Ce qui m’a motivé, c’est la chance d’être entouré de professionnels. En tant qu’étudiants en cinéma, on cherche à apprendre de ceux qui vivent le métier, à comprendre leur vision actuelle du cinéma et à profiter de leurs expériences. C’est une vraie opportunité.
Jean : Oui, et pour ajouter à cela, après avoir découvert les rencontres de l’ARP à distance avec ma classe l’année dernière, l’idée de participer en personne était très tentante. C’est une occasion de plonger dans des échanges passionnants. J’ai comparé cette expérience à une invitation à Cannes, avec le privilège de rencontrer des réalisateurs reconnus et de vivre cet événement en direct.
Ecole 24 : Quelle a été votre plus grande surprise lors de cet événement? Y a-t-il des moments ou des rencontres qui vous ont particulièrement inspiré ?
Théo : La rencontre qui m’a le plus inspiré pendant ces trois jours a été celle avec le réalisateur Claude Lelouch, lors de l’avant-première de son film Finalement avec Kad Merad. C’était un moment unique de pouvoir non seulement le voir en vrai, mais aussi de pouvoir échanger avec lui et d’entendre son ressenti sur ce film qui pourrait être son dernier. L’occasion d’avoir la parole d’un réalisateur aussi respecté et expérimenté m’a beaucoup marqué, et cela a été très bénéfique pour moi en tant que futur cinéaste.
Jean : De mon côté, la rencontre qui m’a le plus touchée est celle avec Michel Hazanavicius, après la projection de son film La plus précieuse des marchandises. C’est un réalisateur que j’apprécie énormément pour son travail, et pouvoir le voir en personne a été une chance. Avoir l’opportunité de discuter directement avec lui de sa vision et de ce projet, juste après la séance, a vraiment été un moment privilégié pour moi. J’ai beaucoup aimé cet échange.
Ecole 24 : Le premier débat abordait la question « La culture : indispensable à la démocratie, absente dans le débat politique ? ». Quel est votre point de vue sur cette question ? Pensez-vous que la culture est assez valorisée dans les discussions politiques actuelles ?
Jean : C’était un débat passionnant, et essentiel. La culture est parfois reléguée au second plan, notamment dans les budgets de l’État. Avec la crise sanitaire, on a vraiment ressenti ce manque de valorisation. J’ai trouvé important que des personnalités du monde du cinéma et de la politique se retrouvent pour échanger sur ce sujet, car un équilibre entre la vision artistique et la réalité politique est indispensable.
Théo : Oui, ce débat m’a aussi interpellé. C’était inspirant d’entendre à la fois des cinéastes et des politiques échanger sur la place de la culture. Cela montre que la question n’est pas oubliée, même si elle devrait être davantage mise en avant dans les discussions publiques.
Ecole 24 : Un autre débat abordait la thématique « Cinéma sans violences, un autre scénario possible? » Selon vous, quel rôle devrait jouer le cinéma dans la représentation de la violence?
Jean : Pour moi, ce débat était indispensable, surtout avec tout ce qui s’est passé récemment. Il abordait la question des violences sur les tournages, et le simple fait d’en discuter est déjà essentiel pour rappeler les bons comportements à adopter sur un plateau. Il y avait des éléments vraiment intéressants dans les échanges, notamment l’idée de mettre en place des rappels systématiques de ces règles avant chaque tournage, où le réalisateur ou le producteur veille à rappeler à tous les règles à suivre. Un autre point marquant a été l’importance de s’assurer du bien-être psychologique des membres de l’équipe, pas seulement leur sécurité physique.
Théo : Ce qui m’a surpris dans ce débat, c’est qu’en y repensant, on se demande pourquoi ces mesures n’ont pas été instaurées plus tôt. Heureusement, le groupe Respect a développé une charte sur ce sujet, après huit mois de travail. Désormais, pour que le tournage commence, cette charte doit être signée par toute l’équipe. Je pense que c’est une excellente initiative pour l’avenir du cinéma. Pour nous, la nouvelle génération, il paraît presque évident que des protections comme celles-ci existent aujourd’hui, mais on réalise que c’est grâce à ce genre d’engagements que le cinéma devient un espace de création plus sûr et respectueux.
Ecole 24 : Le sujet de l’IA est aussi central cette année avec le thème « Une IA éthique, respectueuse du droit d’auteur et au service de la création ». Quel est votre avis sur l’usage de l’IA dans le secteur créatif, notamment pour les jeunes cinéastes comme vous ?
Théo : Pour nous, l’IA peut être un outil formidable pour accéder rapidement à des informations, des images ou même des résumés de textes, ce qui nous fait gagner du temps. En tant que jeune scénariste, ça peut même être une source d’inspiration. Mais il y a un revers. L’IA ne devrait jamais remplacer la dimension humaine, surtout dans des métiers comme le doublage ou des domaines créatifs très personnels.
Jean : On commence à voir des cas où des comédiens de doublage sont remplacés, et c’est dommage. Le cinéma, c’est aussi la passion et l’âme que chacun y met, et c’est irremplaçable. En revanche, pour les scénaristes, je pense que l’IA ne pourra jamais capturer cette part émotionnelle essentielle à l’écriture. Parfois, dialoguer avec l’IA, même si elle propose des idées imparfaites, peut nous inspirer, un peu comme si l’on discutait d’un projet avec un ami.
Ecole 24 : Parmi les films que vous avez visionnés, lequel vous a le plus touché ou inspiré, et pourquoi ?
Théo : Pour moi, le film qui m’a le plus inspiré, c’est Finalement de Claude Lelouch. C’était marquant de voir Kad Merad dans un rôle complètement différent de ce à quoi on est habitué, ce qui apporte une nouvelle dimension à son jeu d’acteur. Le film aborde un large éventail de sujets et de personnages, en tissant plusieurs histoires dans une intrigue principale. Cela rend l’expérience très émouvante, et puis, avoir eu l’occasion d’écouter Claude Lelouch en personne, juste avant la projection, a donné encore plus de sens au film. Dans son discours, il a partagé à quel point ce projet comptait pour lui, en insistant sur le fait que la vie n’est pas faite uniquement de mauvaises nouvelles, mais que l’on peut aussi y trouver du bonheur, même dans l’adversité. Ce message m’a beaucoup touché.
Jean : De mon côté, le film qui m’a le plus ému est La Plus Précieuse des Marchandises de Michel Hazanavicius. C’est un réalisateur que j’aime beaucoup pour ses précédents films, comme OSS 117 et The Artist, j’ai été surpris de le voir aborder un projet aussi différent : un film d’animation en 2D, d’une grande profondeur. L’histoire se déroule dans une forêt en Pologne, suivant le quotidien d’un bûcheron et explore des thèmes de survie et de résilience. Ce film, avec son approche visuelle audacieuse et son scénario puissant, m’a vraiment surpris par sa beauté et son intensité.
Ecole 24 : Y a-t-il un réalisateur ou un intervenant qui vous a particulièrement inspiré lors de cette édition ?
Théo : Pour moi, l’intervention d’Olivier Casas m’a beaucoup marqué. Malgré les tous les débats qu’il a pu animer, malgré les différents partis politiques et intervenants présents autour de lui, il a su défendre son âme d’artiste et du coup promouvoir le fait d’être qu’un réalisateur, c’est pas forcément toujours facile, mais que on peut quand même s’en sortir dans le monde cinématographique actuel. Et j’ai trouvé ça très bien de sa part.
Jean : Moi, c’était surtout l’échange avec les étudiants de Sciences Po Lille, ceux du master en production et distribution. On les avait déjà rencontrés pour échanger autour du film Frères d’Olivier Casas, mais cette fois-ci, on a vraiment pris le temps de discuter de nos approches du cinéma, et j’ai trouvé enrichissant de découvrir leur perspective et leur manière de voir l’avenir de l’industrie.
Ecole 24 : Comment avez-vous vécu cette expérience des Rencontres de l’ARP ? Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
Théo : C’est une expérience immersive dans le monde du cinéma. Voir tous ces professionnels rassemblés, échanger des idées, c’est très motivant. Personnellement, ça m’a renforcé dans mon envie de poursuivre la mise en scène.
Jean : J’ai aussi été impressionné par les moyens mis en œuvre pour organiser cet événement. Les débats sont approfondis chaque année, ce qui est rassurant pour l’avenir du cinéma, et voir toutes ces personnes réfléchir ensemble sur des thèmes essentiels comme le droit d’auteur, c’est inspirant.
Rencontres Cinématographiques de L’ARP, du 06 au 08 novembre 2024 ©Susy Lagrange
de gauche à droite :
Tom Weil, directeur pédagogique de l’école 24
Géraldine Guermonprez, chargée de communication des écoles ARTFX & 24
Théo Blanquart, étudiant en 2e année à l’école 24
Jean Hilmoine, étudiant en 2e année à l’école 24
Luc Pourrinet, directeur du développement des écoles ARTFX & 24